L'affaire prend une tournure que n'avait ni prévu le groupe TF1, ni le Ministère de la Culture impliqué dans l'affaire.
Rappel des faits: un employé de TF1, Jérôme Bourreau-Guggenheim agé de 31 ans, occupe le poste de responsable du pôle innovation web.
Le salarié, opposé au projet de loi HADOPI censé lutter contre le téléchargement illégal sur Internet en France, décide de s'adresser à sa députée.
Rappelons que cette loi soulève de nombreuses problématiques quant à son application technique, aux coûts engendrés, au respect de la vie privée des internautes (il sera nécessaire d'installer un logiciel espion proposé par le gouvernement pour prouver son innocence si son adresse IP venait à être traquée sur les réseaux P2P), ou encore aux dérives qu'elle pourrait engendrer (le rapporteur du projet allant même jusqu'à proposer un amendement pour filtrer les e-mails échangés!).
Je vous laisse imaginer ce que deviendrait la liberté d'expression sur un Internet filtré sur ordre du gouvernement (la Chine ne s'en est pas privée me direz vous).
Pour en revenir à l'affaire initiale, Jérôme Bourreau-Guggenheim adresse un e-mail à la députée UMP de Paris, Françoise de Panafieu, pour lui faire part de son mécontentement et de son inquiétude quant à ce projet de loi aujourd'hui très critiqué par l'opposition mais aussi par certains membres de la majorité. Ajoutons que cet e-mail fut envoyé à titre privé, depuis un téléphone personnel.
La députée transmet ensuite le mail au Ministère de la Culture, explique-t-elle aujourd'hui
«pour obtenir un argumentaire» face à cet e-mail.
Le Ministère de la Culture transmet à son tour cet e-mail, mais cette fois-ci au groupe TF1, plus précisément au directeur juridique de la chaîne, avec pour unique justification quant à cet acte:
«nous avons fait une erreur en transférant ce mail » (cf: la Ministre de la Culture Christine Albanel).
La suite, beaucoup la connaisse aujourd'hui, le 4 Mars l'employé de TF1 est convoqué par le président de eTF1 (responsable des activités numériques de la chaine privée). On lui fait alors lecture du mail qu'il avait envoyé à sa députée quelques jours auparavant et son responsable ajoute
«qu'il ne peut pas laisser passer ça, qu'il n'a pas le droit d'avoir cette opinion». Jérôme Bourreau-Guggenheim rétorque que
«son opinion est libre, et surtout qu'il l'avait exprimée à titre privé dans une correspondance privée !».
S'en suit le 16 Avril, une lettre de licenciement adressé à M. Bourreau-Guggenheim pour cause de
«divergence forte avec la stratégie de TF1», mentionnant également que l'adoption de la loi est un "enjeu fort" pour la chaîne.
La ministre qualifie la réaction de TF1 d'exagérée, et la décision regrettable (par contre transmettre un e-mail envoyé à titre privé par un citoyen Français à son directeur n'était certainement sans aucune arrière-pensée ndlr).
L'employé va saisir les prud'hommes pour se défendre de ce licenciement qu'il qualifie d'injustifié.
Les grands médias comme
Libération ou encore
Le Monde ont repris cette affaire dans leurs colonnes.
Un commentaire de TF1 peut-être?
Et justement en parlant de commentaires.
Le groupe a réagi sur son site concernant ce licenciement en réaffirmant son soutien au projet de loi tout en soulignant que les prises de positions particulièrement radicales de l'ex Responsable du Pôle Innovation Web de TF1 étaient contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, et incompatibles avec ses responsabilités au sein d'e-TF1.
Les commentaires majoritairement critiques ont afflué suite à la publication de cette réaction, mais ont été en très grande partie censurés. Qui vous a parlé de liberté d'expression? Après tout si on propose aux internautes de poster des commentaires ce n'est quand même pas pour leur laisser le choix de dire ce qu'ils pensent...